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Adolphe

Anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu

Chapitre VII

Benjamin Constant
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Ellénore obtint dès son arrivée d’être rétablie dans la jouissance des biens qu’on lui disputait, en s’engageant à n’en pas disposer que son procès ne fût décidé. Elle s’établit dans une des possessions de son père. Le mien, qui n’abordait jamais avec moi dans ses lettres aucune question directement, se contenta de les remplir d’insinuations contre mon voyage. «Vous m’aviez mandé, me disait-il, que vous ne partiriez pas. Vous m’aviez développé longuement toutes les raisons que vous aviez de ne pas partir; j’étais, en conséquence, bien convaincu que vous partiriez. Je ne puis que vous plaindre de ce qu’avec votre esprit d’indépendance, vous faites toujours ce que vous ne voulez pas. Je ne juge point, au reste, d’une situation qui ne m’est qu’imparfaitement connue. Jusqu’à présent vous m’aviez paru le protecteur d’Ellénore, et sous ce rapport il y avait dans vos procédés quelque chose de noble, qui relevait votre caractère, quel que fût l’objet auquel vous vous attachiez. Aujourd’hui, vos relations ne sont plus les mêmes; ce n’est plus vous qui la protégez, c’est elle qui vous protège; vous vivez chez elle, vous êtes un étranger qu’elle introduit dans sa famille. Je ne prononce point sur une position que vous choisissez; mais comme elle peut avoir ses inconvénients, je voudrais les diminuer autant qu’il est en moi. J’écris au baron de T***, notre ministre dans le pays où vous êtes, pour vous recommander à lui; j’ignore s’il vous conviendra de faire usage de cette recommandation; n’y voyez au moins qu’une preuve de mon zèle, et nullement une atteinte à l’indépendance que vous avez toujours su défendre avec succès contre votre père.»

J’étouffai les réflexions que ce style faisait naître en moi. La terre que j’habitais avec Ellénore était située à peu de distance de Varsovie; je me rendis dans cette ville, chez le baron de T***. Il me reçut avec amitié, me demanda les causes de mon séjour en Pologne, me questionna sur mes projets: je ne savais trop que lui répondre. Après quelques minutes d’une conversation embarrassée: «Je vais, me dit-il, vous parler avec franchise: je connais les motifs qui vous ont amené dans ce pays, votre père me les a mandés; je vous dirai même que je les comprends: il n’y a pas d’homme qui ne se soit, une fois dans sa vie, trouvé tiraillé par le désir de rompre une liaison inconvenable et la crainte d’affliger une femme qu’il avait aimée. L’inexpérience de la jeunesse fait que l’on s’exagère beaucoup les difficultés d’une position pareille; on se plaît à croire à la vérité de toutes ces démonstrations de douleur, qui remplacent, dans un sexe faible et emporté, tous les moyens de la force et tous ceux de la raison. Le coeur en souffre, mais l’amour-propre s’en applaudit; et tel homme qui pense de bonne foi s’immoler au désespoir qu’il a causé ne se sacrifie dans le fait qu’aux illusions de sa propre vanité. Il n’y a pas une de ces femmes passionnées dont le monde est plein qui n’ait protesté qu’on la ferait mourir en l’abandonnant; il n’y en a pas une qui ne soit encore en vie et qui ne soit consolée.» Je voulus l’interrompre. «Pardon, me dit-il, mon jeune ami, si je m’exprime avec trop peu de ménagement: mais le bien qu’on m’a dit de vous, les talents que vous annoncez, la carrière que vous devriez suivre, tout me fait une loi de ne rien vous déguiser. Je lis dans votre âme, malgré vous et mieux que vous; vous n’êtes plus amoureux de la femme qui vous domine et qui vous traîne après elle; si vous l’aimiez encore, vous ne seriez pas venu chez moi. Vous saviez que votre père m’avait écrit; il vous était aisé de prévoir ce que j’avais à vous dire: vous n’avez pas été fâché d’entendre de ma bouche des raisonnements que vous vous répétez sans cesse à vous-même, et toujours inutilement. La réputation d’Ellénore est loin d’être intacte. — Terminons, je vous prie, répondis-je, une conversation inutile. Des circonstances malheureuses ont pu disposer des premières années d’Ellénore; on peut la juger défavorablement sur des apparences mensongères: mais je la connais depuis trois ans, et il n’existe pas sur la terre une âme plus élevée, un caractère plus noble, un coeur plus pur et plus généreux. — Comme vous voudrez, répliqua-t-il; mais ce sont des nuances que l’opinion n’approfondit pas. Les faits sont positifs, ils sont publics; en m’empêchant de les rappeler, pensez-vous les détruire? Ecoutez, poursuivit-il, il faut dans ce monde savoir ce qu’on veut. Vous n’épouserez pas Ellénore? Non, sans doute, m’écriai-je; elle-même ne l’a jamais désiré. — Que voulez-vous donc faire? Elle a dix ans de plus que vous; vous en avez vingt-six; vous la soignerez dix ans encore; elle sera vieille; vous serez parvenu au milieu de votre vie, sans avoir rien commencé, rien achevé qui vous satisfasse. L’ennui s’emparera de vous, l’humeur s’emparera d’elle; elle vous sera chaque jour moins agréable, vous lui serez chaque jour plus nécessaire; et le résultat d’une naissance illustre, d’une fortune brillante, d’un esprit distingué, sera de végéter dans un coin de la Pologne, oublié de vos amis, perdu pour la gloire, et tourmenté par une femme qui ne sera, quoi que vous fassiez, jamais contente de vous. Je n’ajoute qu’un mot, et nous ne reviendrons plus sur un sujet qui vous embarrasse. Toutes les routes vous sont ouvertes: les lettres, les armes, l’administration; vous pouvez aspirer aux plus illustres alliances; vous êtes fait pour aller à tout: mais souvenez-vous bien qu’il y a, entre vous et tous les genres de succès, un obstacle insurmontable, et que cet obstacle est Ellénore. — J’ai cru vous devoir, monsieur, lui répondis-je, de vous écouter en silence; mais je me dois aussi de vous déclarer que vous ne m’avez point ébranlé. Personne que moi, je le répète, ne peut juger Ellénore; personne n’apprécie assez la vérité de ses sentiments et la profondeur de ses impressions. Tant qu’elle aura besoin de moi, je resterai près d’elle. Aucun succès ne me consolerait de la laisser malheureuse; et dussé-je borner ma carrière à lui servir d’appui, à la soutenir dans ses peines, à l’entourer de mon affection contre l’injustice d’une opinion qui la méconnaît, je croirais encore n’avoir pas employé ma vie inutilement.»

Je sortis en achevant ces paroles: mais qui m’expliquera par quelle mobilité le sentiment qui me les dictait s’éteignit avant même que j’eusse fini de les prononcer? Je voulus, en retournant à pied, retarder le moment de revoir cette Ellénore que je venais de défendre; je traversai précipitamment la ville; il me tardait de me trouver seul.

Arrivé au milieu de la campagne, je ralentis ma marche, et mille pensées m’assaillirent. Ces mots funestes: «Entre tous les genres de succès et vous, il existe un obstacle insurmontable, et cet obstacle c’est Ellénore», retentissaient autour de moi. Je jetais un long et triste regard sur le temps qui venait de s’écouler sans retour; je me rappelais les espérances de ma jeunesse, la confiance avec laquelle je croyais autrefois commander à l’avenir, les éloges accordés à mes premiers essais, l’aurore de réputation que j’avais vue briller et disparaître. Je me répétais les noms de plusieurs de mes compagnons d’étude, que j’avais traités avec un dédain superbe, et qui, par le seul effet d’un travail opiniâtre et d’une vie régulière, m’avaient laissé loin derrière eux dans la route de la fortune, de la considération et de la gloire: j’étais oppressé de mon inaction. Comme les avares se représentent dans les trésors qu’ils entassent tous les biens que ces trésors pourraient acheter, j’apercevais dans Ellénore la privation de tous les succès auxquels j’aurais pu prétendre. Ce n’était pas une carrière seule que je regrettais: comme je n’avais essayé d’aucune, je les regrettais toutes. N’ayant jamais employé mes forces, je les imaginais sans bornes, et je les maudissais; j’aurais voulu que la nature m’eût crée faible et médiocre, pour me préserver au moins du remords de me dégrader volontairement. Toute louange, toute approbation pour mon esprit ou mes connaissances, me semblaient un reproche insupportable: je croyais entendre admirer les bras vigoureux d’un athlète chargé de fers au fond d’un cachot. Si je voulais ressaisir mon courage, me dire que l’époque de l’activité n’était pas encore passée, l’image d’Ellénore s’élevait devant moi comme un fantôme, et me repoussait dans le néant; je ressentais contre elle des accès de fureur, et, par un mélange bizarre, cette fureur ne diminuait en rien la terreur que m’inspirait l’idée de l’affliger.

Mon âme , fatiguée de ces sentiments amers, chercha tout à coup un refuge dans des sentiments contraires. Quelques mots, prononcés au hasard par le baron de T*** sur la possibilité d’une alliance douce et paisible, me servirent à me créer l’idéal d’une compagne. Je réfléchis au repos, à la considération, à l’indépendance même que m’offrirait un sort pareil; car les liens que je traînais depuis si longtemps me rendaient plus dépendant mille fois que n’aurait pu le faire une union reconnue et constatée. J’imaginais la joie de mon père; j’éprouvais un désir impatient de reprendre dans ma patrie et dans la société de mes égaux la place qui m’était due; je me représentais opposant une conduite austère et irréprochable à tous les jugements qu’une malignité froide et frivole avait prononcés contre moi, à tous les reproches dont m’accablait Ellénore.

«Elle m’accuse sans cesse, disais-je, d’être dur, d’être ingrat, d’être sans pitié. Ah! si le ciel m’eût accordé une femme que les convenances sociales me permissent d’avouer, que mon père ne rougît pas d’accepter pour fille, j’aurais été mille fois heureux de la rendre heureuse. Cette sensibilité que l’on méconnaît parce qu’elle est souffrante et froissée, cette sensibilité dont on exige impérieusement des témoignages que mon coeur refuse à l’emportement et à la menace, qu’il me serait doux de m’y livrer avec l’être chéri, compagnon d’une vie régulière et respectée! Que n’ai-je pas fait pour Ellénore? Pour elle j’ai quitté mon pays et ma famille; j’ai pour elle affligé le coeur d’un vieux père qui gémit encore loin de moi; pour elle j’habite ces lieux où ma jeunesse s’enfuit solitaire, sans gloire, sans honneur et sans plaisir: tant de sacrifices faits sans devoir et sans amour ne prouvent-ils pas ce que l’amour et le devoir me rendraient capable de faire? Si je crains tellement la douleur d’une femme qui ne me domine que par sa douleur, avec quel soin j’écarterais toute affliction, toute peine, de celle à qui je pourrais hautement me vouer sans remords et sans réserve! Combien alors on me verrait différent de ce que je suis! Comme cette amertume dont on me fait un crime, parce que la source en est inconnue, fuirait rapidement loin de moi! Combien je serais reconnaissant pour le ciel et bienveillant pour les hommes!»

Je parlais ainsi; mes yeux se mouillaient de larmes, mille souvenirs rentraient comme par torrents dans mon âme: mes relations avec Ellénore m’avaient rendu tous ces souvenirs odieux. Tout ce qui me rappelait mon enfance, les lieux où s’étaient écoulées mes premières années, les compagnons de mes premiers jeux, les vieux parents qui m’avaient prodigué les premières marques d’intérêt, me blessait et me faisait mal; j’étais réduit à repousser, comme des pensées coupables, les images les plus attrayantes et les voeux les plus naturels. La compagne que mon imagination m’avait soudain créée s’alliait au contraire à toutes ces images et sanctionnait tous ces voeux; elle s’associait à tous mes devoirs, à tous mes plaisirs, à tous mes goûts; elle rattachait ma vie actuelle à cette époque de ma jeunesse où l’espérance ouvrait devant moi un si vaste avenir, l’époque dont Ellénore m’avait séparé par un abîme. Les plus petits détails, les plus petits objets se retraçaient à ma mémoire; je revoyais l’antique château que j’avais habité avec mon père, les bois qui l’entouraient, la rivière qui baignait le pied de ses murailles, les montagnes qui bordaient son horizon; toutes ces choses me paraissaient tellement présentes, pleines d’une telle vie, qu’elles me causaient un frémissement que j’avais peine à supporter; et mon imagination plaçait a côté d’elles une créature innocente et jeune qui les embellissait, qui les animait par l’espérance. J’errais plongé dans cette rêverie, toujours sans plan fixe, ne me disant point qu’il fallait rompre avec Ellénore, n’ayant de la réalité qu’une idée sourde et confuse, et dans l’état d’un homme accablé de peine, que le sommeil a consolé par un songe, et qui pressent que ce songe va finir. Je découvris tout à coup le château d’Ellénore, dont insensiblement je m’étais rapproché; je m’arrêtai; je pris une autre route: j’étais heureux de retarder le moment où j’allais entendre de nouveau sa voix.

Le jour s’affaiblissait: le ciel était serein; la campagne devenait déserte; les travaux des hommes avaient cessé, ils abandonnaient la nature à elle-même. Mes pensées prirent graduellement une teinte plus grave et plus imposante. Les ombres de la nuit qui s’épaississaient à chaque instant, le vaste silence qui m’environnait et qui n’était interrompu que par des bruits rares et lointains, firent succéder à mon agitation un sentiment plus calme et plus solennel. Je promenais mes regards sur l’horizon grisâtre dont je n’apercevais plus les limites, et qui par là même me donnait, en quelque sorte, la sensation de l’immensité. Je n’avais rien éprouvé de pareil depuis longtemps: sans cesse absorbé dans des réflexions toujours personnelles, la vue toujours fixée sur ma situation, j’étais devenu étranger à toute idée générale; je ne m’occupais que d’Ellénore et de moi; d’Ellénore qui ne m’inspirait qu’une pitié mêlée de fatigue, de moi, pour qui je n’avais plus aucune estime. Je m’étais rapetissé, pour ainsi dire, dans un nouveau genre d’égoïsme, dans un égoïsme sans courage, mécontent et humilié; je me sus bon gré de renaître à des pensées d’un autre ordre, et de me retrouver la faculté de m’oublier moi-même, pour me livrer à des méditations désintéressées: mon âme semblait se relever d’une dégradation longue et honteuse.

La nuit presque entière s’écoula ainsi. Je marchais au hasard; je parcourus des champs, des bois, des hameaux où tout était immobile. De temps en temps, j’apercevais dans quelque habitation éloignée une pâle lumière qui perçait l’obscurité. «Là, me disais-je, là, peut-être, quelque infortuné s’agite sous la douleur, ou lutte contre la mort; mystère inexplicable dont une expérience journalière paraît n’avoir pas encore convaincu les hommes; terme assuré qui ne nous console ni ne nous apaise, objet d’une insouciance habituelle et d’un effroi passager! Et moi aussi, poursuivais-je, je me livre à cette inconséquence insensée! Je me révolte contre la vie, comme si la vie devait ne pas finir! Je répands du malheur autour de moi, pour reconquérir quelques années misérables que le temps viendra bientôt m’arracher! Ah! renonçons à ces efforts inutiles; jouissons de voir ce temps s’écouler, mes jours se précipiter les uns sur les autres; demeurons immobile, spectateur indifférent d’une existence à demi passée; qu’on s’en empare, qu’on la déchire, on n’en prolongera pas la durée! vaut-il la peine de la disputer?»

L’idée de la mort à toujours eu sur moi beaucoup d’empire. Dans mes affections les plus vives; elle a toujours suffi pour me calmer aussitôt; elle produisit sur mon âme son effet accoutumé; ma disposition pour Ellénore devint moins amère. Toute mon irritation disparut; il ne me restait de l’impression de cette nuit de délire qu’un sentiment doux et presque tranquille: peut-être la lassitude physique que j’éprouvais contribuait-elle à cette tranquillité.

Le jour allait renaître; je distinguais déjà les objets. Je reconnus que j’étais assez loin de la demeure d’Ellénore. Je me peignis son inquiétude, et je me pressais pour arriver près d’elle, autant que la fatigue pouvait me le permettre, lorsque je rencontrai un homme à cheval, qu’elle avait envoyé pour me chercher. Il me raconta qu’elle était depuis douze heures dans les craintes les plus vives; qu’après être allée à Varsovie, et avoir parcouru les environs, elle était revenue chez elle dans un état inexprimable d’angoisse, et que de toutes parts les habitants du village étaient répandus dans la campagne pour me découvrir. Ce récit me remplit d’abord d’une impatience assez pénible. Je m’irritais de me voir soumis par Ellénore à une surveillance importune. En vain me repétais-je que son amour seul en était la cause; cet amour n’était-il pas aussi la cause de tout mon malheur? Cependant je parvins à vaincre ce sentiment que je me reprochais. Je la savais alarmée et souffrante. Je montai à cheval. Je franchis avec rapidité la distance qui nous séparait. Elle me reçut avec des transports de joie. Je fus ému de son émotion. Notre conversation fut courte, parce que bientôt elle songea que je devais avoir besoin de repos; et je la quittai, cette fois du moins, sans avoir rien dit qui pût affliger son coeur.

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